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Repousser les limites, un livre à la fois

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Une étude dirigée par Karine N. Tremblay démontre que les élèves ayant une déficience intellectuelle moyenne, sévère ou profonde peuvent atteindre des niveaux de littératie plus élevés, mais aussi qu’il est possible de déployer une multitude de pratiques pédagogiques dans les écoles spécialisées pour y arriver.

 

Les résultats de plusieurs études le démontrent : les élèves ayant une déficience intellectuelle moyenne, sévère ou profonde peuvent acquérir des compétences en littératie qu’on jugeait autrefois hors de leur portée. Malgré tout, quand on choisit de se lancer dans cette aventure, on part avec quelques doutes. « C’est un défi que nous avons choisi d’accepter. Les classes sont hétérogènes dans les écoles spécialisées. On craignait de ne pas pouvoir répondre aux besoins de tous les élèves », explique Karine. Et pourtant, l’école l’Envol et l’équipe de Karine sont parvenus au même résultat que les études précédentes.

La clé du succès ? Des pratiques pédagogiques adaptées et de qualité. Pour donner un coup de main aux enseignantes et aux éducatrices, Karine et son équipe ont répertorié des pratiques et des outils qui contribuent au rehaussement des compétences en littératie des élèves. Parmi ces outils, on retrouve les livres jeunesse, la lecture interactive et les livres adaptés. « On sous-estime le potentiel des livres et l’intérêt qu’ils suscitent. Parfois, on peut aussi les adapter, en simplifiant le texte ou en réalisant des histoires multisensorielles, et ça change tout », mentionne la chercheuse.

Pour que les élèves intègrent leurs nouveaux apprentissages, l’équipe propose de les inclure dans les routines de la classe. Les enseignantes redoublent de créativité en ajoutant des comptines, des mots aimantés, des ACBdaires, des imagiers, des jeux de repérage, de la rédaction de courriels aux parents et ainsi de suite. Toutes ces occasions donnent aux élèves des opportunités supplémentaires de développer leur plein potentiel.

Le plus grand défi des enseignantes, c’est d’ajuster les pratiques aux besoins de chaque élève. En effet, les classes de l’école l’Envol sont variées. Chaque classe compte 5 à 10 élèves âgés de 5 à 21 ans. Ils ont une déficience intellectuelle moyenne, sévère ou profonde, souvent associée à d’autres diagnostics ou des problèmes moteurs, de santé ou de comportement. « L’idée c’est d’accueillir chaque élève comme il est, à l’étape où il se trouve dans son cheminement. On cherche à le rendre plus fonctionnel sur tous les plans », explique la chercheuse. Chaque progrès en communication orale, écrite ou en lecture le rend plus autonome et le rapproche d’une participation active à notre société.

Pour démontrer que c’est possible, Karine cite le cas d’une enseignante qui devait conjuguer avec des élèves ayant des défis importants sur les plans du comportement et de l’attention. « Elle passait beaucoup de temps à gérer des comportements difficiles. Au début, les élèves lisaient chacun dans des cubicules, isolés les uns des autres. Ils avaient du mal à maintenir leur attention plus que 2 ou 3 minutes sur un livre. Maintenant, ils lisent un livre tous ensemble, avec l’enseignante au centre, pendant 15 minutes. Quand l’activité se termine, ils demandent de poursuivre avec un autre livre ou de recommencer. Ça en dit long », témoigne-t-elle. Et ce constat, l’équipe l’a remarqué dans toutes les classes. Les élèves ont développé un fort intérêt pour les livres et la littératie. Ils arrivent à maintenir davantage leur attention lors de ces activités.

 

Un cycle de confiance

Le projet de recherche a rassemblé les élèves et les enseignantes autour d’une motivation commune. « On poussait les élèves à aller plus loin. Les enseignantes et les éducatrices aussi se motivaient entre elles à aller plus loin. Au fur et à mesure, tout le monde devenait plus confiant et fier de ses réussites. C’est vraiment un cycle de confiance qui s’est installé, entre elles et leurs élèves », s’exclame la chercheuse.

Si les enseignantes se sentaient plus confiantes, c’est aussi parce qu’elles bénéficiaient du soutien d’une communauté de pratique. Cette communauté était chapeautée par un comité pédagogique qui les aidait à déployer leurs pratiques, à trouver des formations adéquates ou encore de la documentation. Chaque enseignante réalisait aussi un plan de développement professionnel pour définir les objectifs de sa classe, les besoins de ses élèves et les moyens pour atteindre les objectifs.

On s’en doute, la réussite de ce projet ne repose pas seulement sur les épaules des chercheurs ni sur celles des écoles. Pour réussir, les écoles ont besoin d’accompagnement, de formation, de matériel de qualité, mais surtout… elles ont besoin de temps. « Mettre en place un changement de pratique comme celui-ci, ça prend du temps », rappelle Karine. Le temps, c’est aussi ce dont les élèves ont besoin pour progresser. « Oui, les élèves dépassent les attentes, mais on doit leur laisser le temps d’y arriver », précise-t-elle.

Quand on lui demande ce qui s’en vient pour elle, la chercheuse nous rappelle qu’on doit faire avancer les connaissances sur les bonnes pratiques pour répondre aux besoins de tous les enfants et que les écoles ont besoin d’un coup de main pour développer du matériel adapté. Mais, au-delà de ces besoins, ce qui la motive, c’est de partager ce savoir aux écoles et aux futurs enseignants. « J’essaie de trouver des façons de rejoindre les écoles, de leur faire découvrir cette réussite. En attendant, comme je forme les futurs enseignants à l’Université, j’introduis toutes ces nouvelles connaissances à leur formation. Je veux qu’ils bénéficient de cette expertise-là. Mais surtout, je veux qu’ils comprennent que ça se peut », conclut-elle.

 

Pour accéder au rapport de recherche, consultez le site du Fonds de recherche du Québec.

L’équipe a réalisé une grille d’observation des habiletés en littératie. Vous pouvez la consulter au lien suivant : https://constellation.uqac.ca/id/eprint/9505/

 

 

 

 

Article
Article | 31/10/2025

Titre du projet

Développer et déployer des pratiques pédagogiques en classe et en bibliothèque visant à rehausser les compétences en littératie d’élèves ayant une déficience intellectuelle moyenne, sévère ou profonde

Équipe

Collaborateurs et collaboratrices

  • Émilie Léger, école l'Envol
  • Catherine Picard, école l'Envol
  • Maryse Felliziani, école l'Envol

Financement

Fonds de recherche du Québec

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