Outiller les adolescents autistes pour faire face au stress
Pour aider les adolescents autistes à mieux gérer leur stress, Stéphanie Fecteau explore le potentiel du programme Dé-stresse et progresse© dans 8 écoles du Québec. Bien que le programme réponde aux attentes des enseignantes et des parents, la chercheuse conclut qu’il doit être mieux adapté à la réalité des adolescents et leur permettre de pratiquer les stratégies qu’ils ont appris.
L’adolescence est une période de bouleversements pendant laquelle le cerveau est plus sensible au stress. Les adolescents sont donc davantage confrontés à des situations stressantes, tout en étant plus vulnérables aux effets du stress. C’est d’autant plus vrai pour les adolescents autistes, qui sont plus à risque de troubles anxieux et de dépression que la moyenne.
Pour les aider, la chercheuse mise sur la prévention du stress. Elle a déployé le programme Dé-stresse et progresse© dans 8 écoles et l’a expérimenté auprès de 53 élèves, leurs parents et leurs enseignantes dans le but de connaître ses effets potentiels. Élaboré par le Centre d’études sur le stress humain, ce programme a été adapté à la réalité des adolescents autistes lors de précédentes études menées par la chercheuse. Animé par le personnel de l’école, il apprend aux adolescents à reconnaître les situations qu’ils considèrent stressantes et à mieux les surmonter. Il leur propose des stratégies valides et efficaces pour réagir, que ce soit pour réduire l’émotion (ex. respirer par le ventre) ou encore pour reprendre le contrôle de la situation (ex. demander des précisions sur un examen pour mieux cibler ce qu’on étudie).
Soulignons que le projet s’est déroulé pendant la pandémie. « C’est un événement assez exceptionnel. On fait un projet sur le stress pendant l’une des périodes les plus stressantes qu’on ait connu. La pandémie a aggravé la situation pour tous… », mentionne Stéphanie Fecteau. Un contexte difficile qui n’a pas empêché les écoles, convaincues par ce projet, d’aller de l’avant. Parfois en mode virtuel, parfois en classe, le programme s’est déroulé selon les aléas de la pandémie. « J’ai été touchée par l’engagement et la motivation des enseignantes et des éducatrices qui ont pris en charge le programme », ajoute la chercheuse.
Place à l’amélioration, place aux adolescents
Malgré l’adaptation du programme à la réalité des élèves autistes, la chercheuse constate qu’il doit être amélioré. Les parents et les enseignantes considèrent que les élèves s’adaptent mieux aux situations stressantes et qu’ils reconnaissent davantage les émotions qui y sont associées grâce au programme. Si les parents et les enseignantes perçoivent qu’il les aide, les adolescents, eux, semblent plus mitigés quant aux résultats.
Bien qu’on leur propose des stratégies pour mieux gérer leur stress, les adolescents se sentent un peu laissés à eux-mêmes. Ils soulignent que les enseignantes et leurs proches n’ont pas toujours le temps de les soutenir ou encore que certains d’entre eux ne savent pas comment intervenir, puisqu’ils ne connaissent pas le programme. « Ajoutons à cela que le stress se vit partout. Les parents, les éducatrices et les enseignantes ne sont pas toujours présents », précise la chercheuse. Les jeunes ont donc besoin de pratiquer leurs stratégies d’adaptation pour les appliquer au quotidien.
Pour y arriver, elle ajoutera au programme des exercices et des scénarios de réalité virtuelle qui provoquent un niveau de stress optimal, détecté à l’aide d’un moniteur de rythme cardiaque. Elle identifie actuellement les scénarios à déployer.
Pour améliorer le programme, la chercheuse souhaite impliquer davantage les élèves autistes dans la démarche.
« Les adolescents sont capables d’exprimer leur vécu et de comprendre leurs émotions. Ils sont capables d’introspection et ils font preuve de beaucoup de maturité. On doit leur donner davantage d’écoute et de crédibilité. On doit leur laisser la parole » – Stéphanie Fecteau.
Mieux tenir compte de leur point de vue : c’est le défi qu’elle se lance pour son prochain projet.
Pour prendre connaissance des résultats, visionnez sa présentation sur la chaîne Youtube du Groupe de recherche pour les adolescents et adultes autistes (GRAADA).