Conserver son emploi, une responsabilité partagée

Dans le cadre de sa maîtrise sous la direction de Martin Caouette, Laurence Ouellet s’est intéressée aux facteurs qui empêchent les personnes autistes de conserver leur emploi ou au contraire qui les aident à le conserver, et ce, de leur point de vue. Les 11 personnes qui ont participé à son projet ont témoigné de facteurs personnels (ex. conditions de santé), environnementaux (ex. attitudes des collègues) et rattachés à leurs habitudes de vie (ex. équilibre entre la vie personnelle et professionnelle). L’interaction entre ces facteurs joue aussi un rôle clé dans le maintien d’un emploi.
Nous lui avons adressé quelques questions pour mieux comprendre son parcours et ses découvertes.
Comment vous êtes-vous intéressée à ce sujet?
Avant de débuter ma maîtrise, j’étais intervenante socio-professionnelle auprès de personnes autistes dans un organisme communautaire. Je les aidais pour qu’elles puissent intégrer le marché du travail. J’ai constaté que plusieurs d’entre elles ne parvenaient pas à conserver leur emploi. J’avais envie de mieux comprendre pourquoi. J’avais aussi envie de les aider à trouver un emploi qui leur plaît, pour qu’elles puissent faire une vraie différence dans leur milieu de travail. C’est ce qui a motivé mon retour aux études.
Pouvez-vous nous expliquer comment l’interaction entre les facteurs personnels, environnementaux et les habitudes de vie se manifestent concrètement? Comment elle influence le maintien en emploi?
Ce que je veux dire concrètement par interaction, c’est qu’il faut prendre en considération la relation entre tous ces facteurs. Le maintien en emploi ne repose pas seulement sur la personne. Il ne repose pas non plus seulement sur son milieu de travail. Il repose sur un ensemble de facteurs qui varient d’une personne à l’autre et d’un milieu à l’autre. Par exemple, si la personne apprécie les emplois stimulants sur le plan intellectuel et les tâches variées, mais que son emploi est répétitif et qu’elle ne peut pas évoluer, elle risque de le quitter. Un autre exemple, si la personne a besoin de calme pour se concentrer, mais que son milieu de travail est bruyant, elle risque aussi de vouloir quitter. Le maintien en emploi, c’est un enjeu de comptabilité entre la personne et l’emploi que lui propose son milieu de travail.
Parmi les facteurs qui empêchent les personnes autistes de conserver leur emploi ou au contraire qui les aident à le conserver, est-ce que certains vous ont surpris?
Oui, l’importance pour les personnes autistes d’exercer un pouvoir sur leur emploi. En gros, d’avoir leur mot à dire, elles aussi. C’est un élément qui apparaît peu dans la littérature, mais qui a été soulevé par plusieurs participants dans le cadre de mon projet. La personne doit bien se connaître et proposer des solutions, mais le milieu doit être ouvert, flexible et sensible aux besoins de la personne. La responsabilité est partagée entre la personne et le milieu de travail.
Avez-vous émis des recommandations ou des pistes de solution dans votre mémoire? Pouvez-vous nous en parler?
C’est un projet exploratoire, mais j’ai fait ressortir quelques pistes intéressantes. Comme les personnes évoluent et les milieux de travail aussi, c’est important de leur offrir un accompagnement. Pas juste pour l’intégration, mais aussi au fil du temps. Il faut les aider à cheminer, à préciser leurs attentes et à évaluer la marge de manœuvre que le milieu leur accorde. Le rôle d’un intermédiaire est vraiment aidant.
Pour en savoir plus, consultez le mémoire de Laurence sur le site de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Laurence a aussi réalisé une bande dessinée dans le cadre du Vulgarisathon de l’ACFAS.