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Trauma chez les personnes autistes, ce que le DSM ne dit pas

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Dans le cadre de sa maîtrise sous la direction de Marie-Michèle Dufour, Charlotte Moore s’est intéressée aux expériences que les personnes autistes considèrent comme traumatiques. Pour y arriver, elle a analysé 310 messages rédigés par des personnes autistes sur des forums de discussion, dans lesquels elles abordaient leurs traumas. Cette analyse lui a permis de faire ressortir 64 sources potentielles de traumas, qu’elle a comparées aux critères diagnostiques de trouble du stress post-traumatique du DSM-5 et aux résultats d’une récente étude sur le sujet (Kerns et al. 2022).

 

Nous lui avons adressé quelques questions pour mieux comprendre son parcours et ses découvertes.

 

Dans le cadre de votre maîtrise, vous avez voulu comprendre ce que les personnes autistes considèrent comme traumatique. Pourquoi vous êtes-vous intéressée à ce sujet?

C’est un sujet qui m’intéresse depuis longtemps. J’ai travaillé en Centre jeunesse et j’ai accompagné des personnes dans des démarches juridiques. Durant une rencontre avec des parents, ils m’ont raconté les expériences traumatiques de leur enfant autiste. Ça été un vrai déclic pour moi. Ces expériences ne concordaient pas avec celles qu’on considère habituellement comme un trauma. J’avais envie de comprendre pour mieux les accompagner.

 

Qu’est-ce qui ressort de votre comparaison entre les expériences que le DSM-5 considère comme traumatiques et celles que les personnes autistes considèrent comme traumatiques?

Le diagnostic de trouble du stress post-traumatique se fonde sur une ou plusieurs expériences vécues. Elles sont énumérées dans les critères du DSM-5. Quand on compare avec les expériences des personnes autistes, on remarque que près des ¾ de leurs expériences ne sont pas incluses. Ce qui ressort de mon projet, c’est que le trauma est une question de perception. On doit prendre en compte comment la personne perçoit son expérience. On doit aussi prendre en compte les conséquences de cette expérience sur elle.

 

Parmi les expériences que vous avez recensées, celles qui sont les plus souvent citées comme traumatiques sont l’intimidation, les abus psychologiques, la maltraitance au travail et la négativité. Est-ce que ce résultat vous a surpris?

Non pas vraiment. C’est vrai que les expériences les plus citées par les personnes autistes n’apparaissent pas dans le DSM-5. Mais, si on ramène les résultats de mon projet à l’autisme et à ses manifestations (ex. le fait que les personnes rencontrent des défis sur le plan social), ça fait du sens. Ce qui m’a frappé, c’est de voir à quel point notre société n’est pas encore bien sensibilisée à l’autisme. Les expériences traumatiques des personnes autistes sont souvent liées à l’interaction avec les autres personnes à l’école, au travail, dans le milieu médical. Ça en dit long…

 

Quel constat vous a marqué dans votre projet?

Ce qui m’a le plus marqué dans mon projet, c’est le fait qu’on ne prenne pas en compte ce que les personnes elles-mêmes jugent comme traumatiques. Ce que ça veut dire, c’est qu’il y a énormément de gens qui vivent des expériences traumatiques sans obtenir de l’aide. Plus les critères sont restrictifs, plus ça limite les services. Je pense qu’en tant que professionnel, ce qu’on peut faire, c’est de prendre en compte toutes les expériences que la personne a vécu. En particulier, celles qu’elle considère comme traumatiques. On peut aussi travailler à diminuer les répercussions d’une expérience, si on sait qu’elle a le potentiel d’être traumatique.

 

Qu’est-ce que votre projet a changé dans votre quotidien?

Je travaille de nouveau dans le réseau en Jeunesse-famille, comme psychoéducatrice en crise familiale. Les résultats de mon projet guident ma pratique au quotidien. J’ai développé une grande sensibilité envers les personnes vulnérables. Je peux dire que je les accompagne mieux maintenant.

 

Pour en savoir plus, consultez le mémoire de Charlotte Moore sur le site de l’Université de Montréal.

 

 

 

Entrevue
Entrevue | 02/05/2025
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