Commencez à saisir du texte et appuyez sur Entrée pour rechercher

icone la-releveLa relève

Accueillir les parents et toutes leurs émotions

Image mise à la une de l'article: Accueillir les parents et toutes leurs émotions

Sous la direction de Mélina Rivard, Mélina s’est intéressée au bien-être des parents dont l’enfant présente un trouble neurodéveloppemental. Dans son projet de doctorat, elle a identifié les moments marquants dans la trajectoire de services de 18 parents où ils ont vécu une grande charge émotive. Des moments où un accompagnement aurait pu faire une réelle différence. En répertoriant les programmes qui s’adressent à eux et leurs effets, elle a aussi mis en lumière les besoins à prendre en compte pour une offre de services plus complète et mieux adaptée aux parents. Mélina s’est ensuite intéressée plus spécifiquement au programme d’intervention de groupe pour la santé mentale des parents dont l’enfant présente un trouble neurodéveloppemental (E-PAtS). Ce programme vise le bien-être des parents, en créant un lieu de rencontre où ils peuvent échanger sans jugement et valider, entre eux, leurs émotions. Elle a dévoilé que le programme a aidé les 104 parents qui y participaient à mieux reconnaître et réguler leurs émotions.

 

Nous lui avons adressé quelques questions pour mieux comprendre son parcours et ses découvertes.

 

Le programme auquel vous vous intéressez adopte une approche positive et mise sur la validation des émotions. Pouvez-vous nous en parler un peu?

Ma thèse touche le bien-être des parents de manière plus large. J’ai identifié les besoins des parents et des composantes fondamentales pour mieux intervenir auprès d’eux. J’ai ensuite évalué les effets du programme E-PAtS, qui touche justement le soutien au parent. Ce programme leur accorde une grande place pour s’exprimer. Toute expérience y est perçue comme valide. Le fait de s’exprimer librement, sans jugement, a un effet positif sur eux. La présence du pair-aidant, avec l’intervenant, favorise aussi la participation du parent.

 

Dans le cadre de votre doctorat, vous avez découvert que plus du ¾ des émotions vécues par les parents ayant participé au programme étaient positives. Est-ce que ce résultat vous a surpris?

Non, il ne m’a pas surpris. Il représente bien la réalité. Quand on partage nos émotions en groupe, on a tendance à les camoufler un peu. On accepte moins bien nos émotions négatives. Et puis, en même temps, quand les parents reçoivent des services pour eux-mêmes, ils sont reconnaissants. Ils se sentent accueillis dans leurs émotions, donc plus heureux.

Mais au final, que les émotions soient confortables ou non, ce n’est pas si important. Toutes les émotions peuvent coexister. Être fâché contre son enfant ne nous empêche pas d’être déterminé à trouver des services pour lui. Ce qui compte c’est que le parent se reconnecte à ses émotions. Qu’il ne les évite pas et qu’il prenne des décisions en tenant compte de ses émotions.

 

Tout au long de votre projet, vous soulignez que les parents mettent leur énergie sur le bien-être de leur enfant et non le leur. La société aussi, en général. Qu’aimeriez-vous dire aux parents ?

Je pense que c’est naturel de mettre toute son énergie sur son enfant. Pourtant, prendre soin de soi, c’est une manière de se rendre plus disponible pour son enfant. C’est comme le principe du masque d’oxygène dans l’avion. Si tu étouffes, tu ne peux pas t’occuper de ton enfant correctement.

En plus, les enfants qui ont des troubles neurodéveloppementaux ont davantage de besoins que les autres enfants. En tant que parent, vous devez être encore plus disponible. On ne vous le dit sûrement pas assez souvent, mais vos besoins aussi méritent d’être entendus et répondus.

 

Quel constat est ressorti comme le point fort de votre thèse? Avez-vous émis des recommandations quant à ce constat?

Ce qui est ressorti c’est que, peu importe le type de soutien offert aux parents, il est essentiel de laisser une place à l’expression des émotions. De savoir qu’ils ont une place pour se déposer, juste ça, ça leur fait du bien. D’avoir cette ouverture-là et de ne pas se sentir jugé, ça change leur expérience face aux services qu’ils reçoivent. Et cette ouverture, il faut leur offrir le plus tôt possible dans leur parcours, pour apaiser leur charge émotive.

 

Et maintenant que votre projet est terminé, quels sont vos prochains objectifs?

Pour le moment, je travaille au privé comme psychologue avec la clientèle adulte. Mon approche en psychothérapie, comme pour mon projet de doctorat, mise sur l’expérience émotionnelle. J’applique le même processus avec les personnes qui me consultent. Je souhaite continuer de développer mon expertise clinique pour appuyer mes analyses sur du concret. À long terme, j’aimerais surtout travailler avec des parents. Je coordonne aussi le projet E-PAtS au Québec. Je souhaite continuer de m’impliquer dans ce programme-là et son développement.

 

La thèse de Mélina sera bientôt disponible sur le site de l’Université du Québec à Montréal. En attendant, vous pouvez consulter deux articles publiés dans Journal of Applied Research in Intellectual Disabilities et Families in Society: The Journal of Contemporary Social Services

Entrevue
Entrevue | 03/10/2025
image separatrice

Autres contenus de La relève qui pourraient vous intéresser