Des éducatrices à l’écoute, des familles au cœur de l’intervention : un programme inspirant
En Mauricie et au Centre-du-Québec, les éducatrices qui interviennent auprès des enfants ayant une déficience intellectuelle ou un retard global de développement élaborent des plans d’intervention de qualité, tout en respectant la réalité des familles. Une équipe de chercheurs et d’experts est parvenue à ce constat en regardant de plus près comment elles utilisent le programme Évaluation, Intervention, Suivi (EIS).
Pour intervenir auprès d’un enfant, il est essentiel de prioriser ses besoins et ses objectifs d’intervention avec sa famille. Les éducatrices qui travaillent auprès des jeunes enfants ayant une déficience intellectuelle ou un retard global de développement l’ont bien compris. Tout au long de leur démarche, les parents occupent une place de choix. « Elles sont respectueuses du vécu des familles et soucieuses que les moyens d’intervention correspondent non seulement aux forces de l’enfant, mais aussi aux réalités de la famille. Elles font preuve de beaucoup de souplesse. », affirme Christine Rivest.
Mais ce n’est pas tout : les objectifs que les familles et les éducatrices priorisent dans les plans d’intervention sont de grande qualité. Ils visent des habiletés fonctionnelles que l’enfant met en pratique dans son quotidien, que ce soit à la maison, à la garderie ou à la maternelle. Enfin, les éducatrices formulent des objectifs qui sont observables, mesurables et qui comportent un critère clair de réussite (ex. marcher 10 pas de suite).
Pour atteindre les objectifs d’intervention convenus avec les familles, les éducatrices tiennent compte à la fois des stratégies d’intervention proposées dans le programme, des recommandations des psychoéducateurs, des ergothérapeutes et d’autres professionnels de leur équipe, des suggestions de leurs collègues et, bien sûr, de leur propre expérience.
L’équipe de recherche est parvenue à ces conclusions en questionnant 16 éducatrices sur leurs pratiques et en examinant les plans d’intervention de 44 enfants élaborés en 2016.
Le programme Évaluation, Intervention, Suivi (EIS)
On s’en doute, le programme EIS permet à l’intervenant d’évaluer l’enfant, d’intervenir auprès de lui et de suivre ses progrès. Ce programme comprend un outil d’évaluation dit « authentique ». Le terme « authentique » renvoie à l’idée que l’intervenant peut observer l’enfant dans ses routines quotidiennes en impliquant ses proches. L’intervenant dresse donc un portrait réaliste des habiletés de l’enfant qui sert à l’élaboration de son plan d’intervention. Soulignons que le programme a été développé pour les enfants en bas âge qui ont des incapacités ou qui sont à risque d’en développer.
Une variable imprévue…
Alors que les plans d’intervention analysés par les chercheurs remontent à 2016, les éducatrices ont été rencontrées au cours de l’année 2017. Au même moment, les équipes cliniques vivaient les premiers impacts de la transformation du réseau. « Ce n’était pas prévu… Les intervenantes parlaient à la fois de leur situation en 2016 et en 2017, donc « avant » et « après » la transformation du réseau », explique Christine Rivest.
À plusieurs reprises, les intervenantes ont rapporté des changements dans le travail en équipe interdisciplinaire. Elles mentionnent, par exemple, que l’équipe interdisciplinaire n’est plus d’emblée présente au moment de l’élaboration des plans d’intervention.
Ces changements amènent les chercheurs à se demander si les résultats de la démarche seraient les mêmes aujourd’hui. L’équipe se dit malgré tout satisfaite des résultats. « Les éducatrices se sont vraiment appropriées le programme et le mettent à profit dans leur travail », souligne Christine Rivest.
Le rapport de recherche est disponible sur notre site.