#Cyberfuté, pour naviguer en toute sécurité

Mieux former les personnes ayant une déficience intellectuelle à naviguer sur le web, c’est le défi que s’est lancé l’équipe de Nadia Abouzeid avec son programme #Cyberfuté. En documentant l’expérimentation du programme, elle espère faciliter au quotidien leur vie virtuelle.
Les personnes ayant une déficience intellectuelle sont de plus en plus actives en ligne depuis la pandémie. Le web leur a permis de briser leur isolement durant cette période difficile. Or, pour communiquer avec leur entourage ou se faire des amis en ligne, elles doivent apprendre à naviguer dans un environnement qui n’est pas toujours accessible ni sécuritaire. Un enjeu essentiel, quand on sait qu’elles sont plus vulnérables que la population en général, donc plus à risques d’abus, de fraudes, de piratage, de cyberharcèlement, de cyberintimidation et de cyberdépendance. Elles sont aussi plus à risque de commettre elle-même, sans le savoir, des infractions.
Ces enjeux, Nadia Abouzeid et son équipe s’en préoccupent depuis déjà quelques années. « Les chercheurs, le ministère, les intervenants : tous arrivent aux mêmes conclusions. Mais c’est en impliquant les personnes ayant une déficience intellectuelle et leurs proche que nous avons réussi à trancher et identifier les thématiques à prioriser », explique la chercheuse. C’est grâce à ces thématiques que l’équipe a élaboré #Cyberfuté, un programme éducatif qui vise à ce qu’elles puissent surfer efficacement sur Internet et en toute sécurité. Pour y arriver, l’équipe a rassemblé et analysé toute l’information théorique sur les thématiques à prioriser. Elle a ensuite adapté l’information pour la rendre plus accessible. Un travail colossal.
Et le résultat est à la hauteur des efforts. #Cyberfuté contient 9 fascicules sur les thèmes priorisés, comme la fraude et l’hameçonnage. Chaque fascicule comprend des quiz, des lexiques, des trucs et astuces, des exercices, des mises en situation et des ressources. L’information qui s’y trouve est simple et illustrée à l’aide d’images ou encore de captures d’écran pour guider étape par étape les personnes. Quand une personne a des besoins spécifiques, par exemple si elle a été victime de fraude, l’intervenant peut utiliser uniquement le fascicule dont il a besoin. « On est fiers du résultat. C’est un programme flexible, complet et dynamique », souligne la chercheuse.
À l’heure actuelle, l’équipe documente l’expérimentation de #Cyberfuté auprès de participants provenant de deux centres intégrés de santé et de services sociaux et d’un organisme communautaire. Elle veut s’assurer que le programme permet bel et bien aux personnes ayant une déficience intellectuelle de changer leurs habitudes en ligne. Elle souhaite aussi évaluer leur satisfaction et faire ressortir des pistes d’améliorations pour la suite. L’expérimentation se termine au printemps.
Si le programme répond à leurs besoins, il sera disponible dans les outils de l’Institut et offert à travers le Québec. À plus long terme, l’équipe souhaite l’offrir à d’autres milieux, comme le milieu scolaire, mais surtout, elle souhaite qu’il devienne un outil de prévention et non seulement d’intervention.